Il est ici question de trois mots – intercession, condition, brouillage : ces mots ont en commun le fait d’articuler – quoi que de manière différente – le rapport entre œuvres d’art et livres de philosophie. Encore plus, ces mots se situent au croisement entre le ton cristallin de l’ontologie et le ton plus visqueux de l’esthétique, en nous disant quelque chose quant aux positions réciproques et aux éventuelles interférences entre ces configurations de la pensée. Or, il se trouve qu’aux croisements entre ontologie et esthétique – prise au sens très classique de gnoseologia inferior, de discours portant sur les choses sensibles – on retrouve souvent le concept d’événement (soit ce dernier, comme c’est le cas chez Deleuze, l’épiphanie des chocs entre singularités hétérogènes, soit il, comme c’est le cas chez Alain Badiou, la rare marque disparaissante de l’apparaître paradoxal d’un excès). Etant donnés ces rapports et ces rencontres, nous essayerons de voir dans cet article en quel sens il serait question aujourd’hui de penser le rapport entre livres de philosophie et œuvres d’art sous le double angle d’une ontologie esthétique, et d’une pensée de l’événement.
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